7,62 mm Modèle 1949

Historique:
Au début du conflit
Indochinois, le Viet Minh est équipé d'armes de prises, enlevées aux japonais après l'effondrement de l'empire en 1945. Viennent ensuite, les armes fournies par les pays frères tout au long du conflit.

Les français engagés dans la lutte, utilisent de leur côté du matériel d'origine française, mais aussi beaucoup d'armes anglo-américaines voir des armes de prises récupérées sur les forces de l'Axe à la fin de la guerre.

Au-delà des problèmes logistiques posés à l'intendance par la multiplicité des calibres, l'approvisionnement en munitions d'origine étrangère grève l'importance du budget des armées, particulièrement en ce qui concerne les cartouches américaines de 30-06 utilisées en grand nombre en Indochine et en Algérie par les armes US.

Cet état de fait, n'est que transitoire, et dès septembre 1948 le secrétaire d'Etat aux forces armées demande à ce que l'on procède au laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques de Saint Cloud, à des essais de tir permettant de déterminer les caractéristiques balistiques des cartouches américaines de calibre 30 M2. L'étape suivante consiste à lancer à l'Atelier de fabrication de Toulouse, l'étude des composants de la future cartouche de 30-06 française.

Adoptées sous le nom de 7,62 mm Long Mle 49 cette munition est destinée aux fusils Garand, US 17, Springfield 1903 ainsi qu'aux FM BAR et aux mitrailleuses Browning Mle 1919 utilisées par la France.

En 1949, l'ATE rencontre quelques difficultés dans la mise au point des étuis. Une étude réalisée par la section métallurgique du laboratoire central de l'armement met en évidence le manque d'épaisseur des douilles françaises par rapport à leur modèle américain.

De nouveaux ennuis rencontrés avec les amorces Mle 1924 A conduisent à l'élaboration d'une amorce mle 1924 B, abandonnée à son tour, du fait des nombreux incidents de tir qu'elle engendre sur les mitrailleuses Browning calibre 30. L'amorçage définitif ne sera réalisé qu'en 1951. Les plans de fabrication enfin établis, la cartouche de 7,62 L Mle 49 est produite part: l'atelier de Toulouse (TE), l'atelier de fabrication de Valence (VE), la tréfilerie du Havre (TH), la société méridionale d'industrie (MI), l'atelier de fabrication du Mans (LM).

Description:
Longue de 84,4 mm pour un poids de 25,65 grammes, la 7,62 L Mle 49 est très proche de la cartouche américaine dont elle diffère simplement par les marquages et le listel qui renforce l'appareil d'amorçage sur les étuis laitons.

L'étui:
Confectionné en laiton 72/28 ou 70/30 dans les premières années de fabrication, on le rencontre souvent à partir de 1955 en acier XC 18 bondérisé ou laqué. Cette variante du premier modèle est connue sous le nom d'étui Mle 149 A. Dans les deux cas, l'amorçage est de type Berdan. Long de 63,3 mm il pèse 12 grammes environ et dispose d'une capacité de 3900 à 4310 mm3 en fonction du type de projectile monté. Les marquages apposés en creux au culot de l'étui indiquent:

- l'établissement producteur,
- l'usine qui a fourni le métal,
- le calibre,
- le trimestre suivi du millésime de fabrication.

L'ogive:
D'un diamètre réel de 7,84 mm et formée d'un noyau en plomb durci chemisé, elle pèse 9,60 grammes + ou - 0,15 grammes en fonction de la nature de l'enveloppe de la balle qui, est en acier plaqué, soit en acier doux, soir encore en laiton 90/10.

La charge:
Les premières cartouches expérimentées en 48-49 sont chargées à 3,19 grammes de poudre BFP-1, remplacée par la suite par une charge constituée de 3,50 grammes de poudre B-7T. A titre provisoire, certains chargements seront autorisés en B-Pa 90.

Performances balistiques:
En février 1951, alors que la production des 7,62 L Mle 49 est déjà avancée, on procède à Versailles à des nouveaux essais comparatifs afin de juger des performances des cartouches françaises dont, on dit, qu'elles manquent de puissance par rapport aux munitions US.

Pratiqués à l'aide de tubes aux pressions, d'un Garand, d'un MAS 49 transformé et d'un US 17, les tests vont mettre en évidence la parfaite similitude des résultats donnant, dans tous les cas, une vitesse de 835 m/s à 25 mètres de la bouche avec l'US 17, tombant de 35 m/s environ lorsque les cartouches sont employées par une autre arme.

Avec une énergie de 400 kgm, la balle de 7,62 Long a une portée pratique de 400 à 800 mètres suivant le type d'arme employé et une portée maximale de 3 000 à 4 000 mètres.

Cotes moyennes:
Diamètre de la balle: 7,88 mm.
Diamètre de l'étui au collet: 8,52 mm.
Diamètre de l'étui à sa base: 11,85 mm.
Diamètre de l'étui au culot: 11,91 mm.
Longueur de l'étui: 63,30 mm.
Longueur totale: 84,80 mm.
Poids: 23,50 g.

Synonymes:
.03-06.
7,62 x 63.
7,62 mm Long.
7,62 mm L.

Utilisation:
US 17.
Springfield Mle 1903 A3
Garand M 1

BAR M 1918 A 2

Browning M 1919 A 4, A5, A 6 et AN-M2.

Les variantes:
Cartouches ordinaires:

Cartouche à balle ordinaire à balle "O" reçoit quelques modifications dans le tracé et les matériaux de fabrication, donnant naissance à la balle "O" Mle 1949 A (modification de la gorge au 10/01/56) et 1949 B (rectification des tolérances de la chemise laiton au 30/03/56). La charge est constituée de 3,50 grammes de poudre B-7T et l'amorce est du modèle 1951. Les cartouches à balle "O" percent 70 cm de sapin et 3 mm d'acier à 400 mètres.


LM/S/2-52/7,62. LM: Atelier de Construction du Mans.
S: Compagnie Française des Métaux à Sérifontaine.
2-52: fabrication du 2ème trimestre de 1952.


Cartouche à balle ordinaire, étui acier laqué.


LM/I/1-56/7,62. LM: Atelier de Construction du Mans.
I: Société de Métallurgie Franco-Belge à Issy-les-Moulineaux.
1-56: fabrication du 1er trimestre de 1956.


Cartouche à balle traçante: la balle traçante "T" est destinée au réglage du tir et à la désignation des objectifs. Elle peut avoir, éventuellement, un effet incendiaire. L'ogive pèse 9,89 grammes. Elle est constituée d'un noyau en plomb antimonieux, d'une enveloppe en acier plaqué maillechort et d'un godet en laiton renfermant le traceur. Ce dernier comprend une composition traceuse, une charge d'allumage et un opercule en nitrate de cellulose.
La pointe de l'ogive est colorée en rouge sur une hauteur de 8 mm, la trace est visible de 100 à 700 mètres.
Une nouvelle balle traceuse Mle 49 A est adoptée le 02/05/58, différent du modèle original par une légère modification du tracé.

Cartouche à balle perforante: l'ogive "P" de la cartouche perforante est sensiblement plus lourde que les autres projectiles utilisés dans ce calibre. Avec un poids de 10,9 grammes cette balle composée d'un noyau en acier spécial traité, surmonté d'une coiffe en plomb et chemisé en acier doux, en acier plaqué ou en laiton, perce 12 mm d'acier à 90 mètres. La pointe de la balle est colorée en noir sur une hauteur de 8 mm.

Cartouche à balle perforante-traceuse et incendiaire: cette cartouche ne semble pas avoir été distribuée. Elle est reconnaissable à son marquage de pointe bicolore noir souligné de rouge, elle est donnée pour être capable de percer 10 mm d'acier à 90 mètres. La balle incendiaire à pointe bleue pesait 9,07 grammes et contenait une composition à base de phosphore.

Cartouches propulsives:

Il existe trois types de cartouches propulsives en calibre 7,62 L. Deux feuillettes, assez proches l'une de l'autre, et une cartouche particulière en matière plastique destinée aux forces de l'ordre.

La première est destinée au tir des grenades AT. M.9 A1. Chargée à 2,25 grammes de poudre GBPa, elle est operculée par une bourre en carton puis sertie en étoile.


30-06/TE/D/4/58. TE: Ateliers de Construction de Toulouse.
D: Société Electromécanique de Dives devenue Compagnie du Duralumin de Dives. Fournisseur de métal.
4-58: fabrication du 4ème trimestre de 1958.



30-06/LM/D/3-53/7,62.
LM: Atelier de Construction du Mans.
D: Société Electromécanique de Dives devenue Compagnie du Duralumin de Dives. Fournisseur de métal.
3-53: fabrication du 3ème trimestre de 1953.
7,62: calibre de la cartouche.


La deuxième est utilisée pour le tir des grenades françaises à empennage de 22 mm. Chargée à 2,75 grammes de poudre GBPa, elle est sertie en étoile et vernie en noir au collet.

Chambrée par le fusil lance-grenade mauser, utilisé par les forces de l'ordre pour le tir de grenades lacrymogène, la dernière cartouche propulsive ressemble beaucoup à la cartouche à blanc Mle 56. Fabriquée par Gévelot en matière plastique blanche translucide, elle laisse apercevoir un tube d'aluminium faisant corps avec le culot, sertie en rosette et contenant une charge de 0,60 grammes de poudre BFPa.


Sans marquages.

Cartouches à blanc:

Plusieurs modèles sont développés à partir de 1950, date à laquelle l'ATE est chargé de réaliser une cartouche à blanc de type US Mle 1909, sans balle.

Cette munition reste en service une quinzaine d'année, destinée aux mitrailleuses américaines en dotation dans l'armée française. Copie de la cartouche US, elle est chargée à 0,85 grammes de poudre EF et operculée par un disque de liège aggloméré verni en bleu.

TE/BO/3-55/7,62. TE: Ateliers de Construction de Toulouse.
BO: fournisseur de métal.
3-55: fabrication du 3ème trimestre de 1955.
7,62: calibre de la cartouche.


En 1951, l'ATE lance la fabrication des cartouches à blanc pour fusils, montées sur des étuis Mles 1949 et 1949 A, ces cartouches chargées à 1,30 grammes de poudre EF tirent une balle papier paille de couleur verte.


TE/CCM/2-55/7,62. TE: Ateliers de Construction de Toulouse.
CCM: Compagnie des Forges de Chatillon, Commentry et Neuves-Maisons. Fournisseur de métal.
2-55: fabrication du 2ème trimestre de 1955.
7,62: calibre de la cartouche.


L'année suivante, cet établissement d'expériences techniques de Versailles qui se trouve chargé de réaliser une nouvelle cartouche à blanc pour les FM Mle 1918 et les mitrailleuses Mle 1919, ainsi que les bouchons de tir à blanc de ces armes. La cartouche est constituée d'un étui classique chargé à 1,30 grammes de poudre EF, surmonté d'une balle en bois colorée en bleu. L'étui est fortement serti sur le projectile.


TE/C/2-50/7,62. TE: Ateliers de Construction de Toulouse.
C: Compagnie Française des Métaux à Castelsarrasin, société privée.
2-50: fabrication du 2ème trimestre de 1950.
7,62: calibre de la cartouche.


Cartouche à blanc à balle bois peinte en mauve, (exportation).

Deux types de bouchons de tir à blanc sont mis au point par l'E.T.V.S. pour l'emploi de ces cartouches. En 1956, ces trois cartouches sont remplacées par un modèle unique en matière plastique blanche, à culot acier.


Sans marquage.

Cette munition fabriquée chez Gévelot donnera naissance, quelques temps plus tard, à une variante civile; dorée dans la masse et fabriquée spécialement pour le tournage du film Le jour le plus long.


Sans marquage.

Cartouches inertes:

Ces cartouches d'instruction sont au nombre de quatre, auquel il faut ajouter un à deux modèles non réglementaires montés directement dans les corps. Les réglementaires sont:

- une cartouche propulsive d'instruction dont l'étui percé d'un trou est fermé au collet par une bourre en lège blanc,
- une cartouche à balle percée d'un trou à la base de l'étui, non amorcée et entièrement nickelée,
- une cartouche inerte en acier tourné, l'étui est évidé et percé de trois trous. L'ensemble est nickelé.

- une cartouche inerte à l'amorce percutée et dont l'étui est percé


TE/D/4/58. TE: Ateliers de Construction de Toulouse.
D: Société Electromécanique de Dives devenue Compagnie du Duralumin de Dives.
4-58: fabrication du 4ème trimestre de 1958.


Emballage et conditionnement:

Les munitions de 7,62 Mle 49 sont conditionnées de différentes façon suivant leur utilisation;

- empaquetées par boîtes de 15 ou 20,
- montées sur clips de 5 ou 8 cartouches,
- présentées sur bandes métalliques ou toile de 225 et 250 cartouches.

Les clips Garand sont encaissés par 210 dans des caisses pesant 67,5 kg pour un total de 1680 cartouches.
Les cartouches montées sur lames-chargeurs sont fournies par boîte de quatre lames. La caisse en bois n°3 doublée de zinc contient 84 boîtes et pèse 60 kg pour un total de 1680 cartouches.
Les bandes métalliques sont placées dans des caissettes métalliques, rangées par quatre dans une caisse en bois contenant 1000 cartouches pour un poids de 35 kg.

Identification des composants:

Les couleurs, le graphisme et les inscriptions portées sur les boîtes, les plaquettes et les caisses permettent d'en identifier facilement le contenu.
Un code de couleur appliqué aux étiquettes permet de connaitre le type de projectile monté:

- balle O: bulle
- balle traçante, perforante: bulle + bandes latérales de la couleur de la pointe du projectile,
- cartouche à blanc, blanche.

Chaque étiquette porte de nombreuses informations permettant de déterminer:

- le nombre de cartouches contenues dans l'emballage,
- le calibre, le modèle et le lotissement de la munition complète ainsi que chacun de ses éléments,
- leur spécificité lorsqu'il s'agit de cartouches à blanc.

Des vignettes au graphisme sommaire permettent de déterminer le type de conditionnement en lames-chargeurs, en clips, en vrac ou en bandes.